- adieu-vat
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A.— MAR., vx. 1. Formule de souhait pour une heureuse navigation. 2. Commandement pour virer de bord vent devant, c'est-à-dire à filer l'écoute du foc (aujourd'hui on dit envoyez!) (cf. GRUSS 1952).Rem. Adieu-va(t) s'emploie pour une manœuvre particulièrement périlleuse, d'où la formule qui implique l'éventualité d'un risque (« va à la grâce de Dieu »).B.— P. anal., vieilli. Formule marquant l'abandon à la protection divine après une décision qui comporte des risques à la manière de ceux que courent les matelots. Synon. à la grâce de Dieu! :• 1. Quand sa dernière montagne eut disparu sous les nuages, un sanglot monta jusqu'à mes lèvres, et je poussai le cri des matelots en péril : — adieu-va!M. DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 148.• 2. Faut-il donc s'écrier, comme Chateaubriand : « adieu va! Le port commun c'est l'éternité! »M. DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie, 1854, p. 290.Rem. Le t de vat est le même que celui qui apparaît, dans la lang. pop., dans va (ind. ou impér.) suivi d'un mot à initiale vocalique; il sert ici de consonne expressive devant une pause (cf. soit!). Autre explication donnée par LE CLÈRE 1960 : ,,Le T final ne s'explique sans doute que par l'habitude des gens de mer, en Bretagne et en Normandie, de prononcer le T final de mots comme canot, bout, étambot, ...``.Prononc. ET HIST. — 1. Forme phon. — Seule transcription mod. ds Pt ROB. : adjøva; vat. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 403 signale que le ,,t final se prononce dans exéat, fat, fiat, magnificat, (échec et) mat, mat (couleur), pat, privat-docent, stabat, transéat, véniat, dans l'expression à Dieu vat``. 2. Forme graph. — Lar. 20e écrit : à-Dieu-va!, QUILLET 1934 : adieu vat ou à Dieu va, ROB. : adieu va ou à-Dieu-vat et Lar. encyclop. : à Dieu va ou à Dieu vat. Pt ROB., enfin, donne la forme à-Dieu-va(t) (mêmes formes que Lar. encyclop. mais avec traits d'union). — Rem. Les dict. du XIXe s. écrivent : adieu-va (cf. Ac. 1798 Suppl. 1835, Ac. Compl. 1842 et LITTRÉ).Étymol. ET HIST. — 1684 terme de mar. « commandement d'exécution pour virer vent devant » (Desroches ds JAL2 : À Dieu-Va... terme duquel on se sert pour advertir l'Équipage, lorsque l'on veut faire virer le Vaisseau pour changer de route); supplanté au mil. du XIXe s. en tant que terme de mar. par Envoyez! et devenu terme gén.BBG. — LE CLÈRE 1960. — SOÉ-DUP. 1906. — WILL. 1831.
Encyclopédie Universelle. 2012.